« Maraîchage biologique permaculturel et performance économique » : une étude scientifique menée, entre 2011 et 2015, par l’institut Sylva et une unité de recherche (INRA-AgroTech Paris) montre qu’il est possible de tirer un revenu décent de l’exploitation d’une micro-ferme de 1000 m² en maraîchage biologique.
Voir le rapport de l’étude (pdf)
Cette étude a été conduite à la ferme du Bec Hellouin, en Normandie, créée par Perrine et Charles Hervé-Gruyer, qui s’inspire des concepts de la permaculture et des techniques des maraîchers parisiens du XIXe siècle. Un projet innovant, initié par deux passionnés non issus du monde agricole, et qui constitue aujourd’hui une référence dans le domaine de la permaculture.
La ferme, implantée sur un milieu a priori peu favorable à la culture, s’est développée pendant plus de 10 ans, au gré d’expérimentations, et donc aussi d’échecs et d’erreurs, qui ont abouti finalement à la création d’une exploitation durable, dont l’efficacité économique se combine à une surprenante beauté.
Convaincus que la viabilité économique ne peut être dissociée de la viabilité écologique, les propriétaires de la ferme ont mis en oeuvre des méthodes de culture novatrices, qui associent la recherche technique et scientifique et le souci de produire des aliments de qualité sans recours aux intrants chimiques et aux procédés mécanisés. Il ne s’agit pas d’un retour au passé, ni d’une expérience de « doux rêveurs » : les résultats montrent qu’un maraîchage bio-intensif d’une parcelle cultivée à la main, par l’objet de soins attentifs, est dix fois plus productrice, à surface égale, qu’avec les méthodes conventionnelles de l’agriculture industrialo-chimique.
Si la ferme constitue un domaine bien plus vaste, et abrite des forêts et d’autres espaces utiles dans l’économie générale de la ferme (pré-vergers, mare, ruchers, etc.), le choix a été fait d’étudier rigoureusement une parcelle cultivée de 1000 m² (nombre d’heures de travail / chiffre d’affaire généré) pour tester la viabilité économique d’une micro-ferme de cette taille.
Un résultat plus qu’encourageant, qui montre qu’une autre agriculture est possible, alors qu’il apparaît de plus en plus clairement qu’il est nécessaire de « changer de modèle », car l’agriculture conventionnelle détruit l’environnement et le paysage – sans parler des effets sur la santé – et qui plus est perd des emplois!
Le modèle de la micro-ferme laisse entrevoir une agriculture « intégrée », qui non seulement prend soin du paysage et crée des emplois, mais favorise également le lien social et redonne à cette activité vitale de nourrir les humains un sens et une beauté qu’elle a perdus en cours de route d’un pseudo-progrès. Remplacer l’agriculture de la pétrochimie, qui appauvrit les sols et désertifie les territoires ruraux, par une agriculture du soleil, où la ferme est « une centrale énergétique qui transforme le soleil en un paysage comestible ». Un rêve d’écologistes hostiles au progrès ? Non, un réel progrès social, humain, environnemental, et qui plus est économiquement rentable !
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