Greenwashing, Art de l’illusion, Fabrique du doute ou simple excès d’optimisme dans la communication?
En tout cas, tout semble mis en oeuvre pour rassurer à outrance quitte, avec l’aide de quelques raccourcis, inexactitudes et exagérations, à faire prendre des vessies pour des lanternes.
Tout est effectivement mis en oeuvre pour entrainer une certaine confusion et faire croire que, aujourd’hui, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes avec les Pesticides.
Ce n’est toujours pas le cas et l’usage intensif des pesticides dans notre région génère toujours des problèmes et inquiétudes bien présentes, bien réelles.
Depuis quelques mois, certaines grandes et moyennes surfaces d’alimentation (GMS) redoublent d’efforts au travers une communication offensive visant a redorer l’image des productions grandes consommatrices de pesticides, à l’instar de la publicité de LIDL FRANCE que nous avons eu l’occasion de dénoncer.
Certaines coopératives fruitières de la région sont dans la même stratégie de communication offensive.
On peut tenter de se rassurer en pensant que cette communication, souvent « exagérée », permet de faire avancer la prise de conscience sur la nécessité de changement des pratiques agricoles, mais il est vrai que sur le terrain, force est de constater que les choses avancent moins vite que dans les reportages publicitaires.
Si ça part d’un bon sentiment, il faut effectivement veiller à ce que la communication n’ait pas vocation à faire prendre des vessies pour des lanternes ou, pour être plus explicite, à faire passer une pomme issue de l’agriculture conventionnelle chimique, (une quarantaine de traitements dont certains CMR et / ou perturbateurs endocriniens) pour une pomme Bio ou encore faire passer l’arboriculture intensive et chimique pour une activité bénéfique à l’environnement et à la biodiversité.
Pour autant, des arboriculteurs, comme celui mis en avant dans cet article de la Montagne (ici) prennent parfois des initiatives intéressantes visant à expérimenter des techniques susceptibles d’induire une réduction réelle des intrants chimiques mais ils ne sont pas légion et la généralisation tarde encore.
Tant que les filières grandes consommatrices de pesticides continueront à utiliser de telles quantités de produits classés CMR/PE, susceptibles d’impacter la santé des agriculteurs, des riverains et des consommateurs, tous les labels rassurants et les camaganes de communication ne permettront pas de redorer l’image de ces produits issus de l’agriculture chimique intensive.
Il convient donc de faire la part de choses et, pour les journalistes, de faire preuve de mesure et de prudence pour ne pas entrainer encore plus de confusion et de doute, comme certains le font parfois. Dans le cas présent, sauf si ce verger est labellisé en agriculture bio, il utilise toujours des produits chimiques de synthèse, contrairement à ce que pourrait laisser penser la lecture rapide de cet article : « Je mets un point d’honneur à entretenir mon verger, mais sans produits chimiques. Il faut apprendre à faire autrement. C’est un peu plus gourmand en main-d’œuvre, mais il y a un défi à relever ». La mention « sans produits chimiques » a-t-elle été vérifiée et est-elle confirmée par la certification BIO sur ces 21 hectares de pommiers? Je ne pense pas. Encore une fois, j’ai un profond respect pour ce responsable d’exploitation mis en avant dans ce reportage qui bien avant tous, bien avant la signature de la charte, a mis en place des filets de protection des habitations voisines et innove pour « tenter » de réduire le recours aux pesticides.
Toutefois, je prends le pari qu’une analyse de l’air ambiant et une analyse des pommes produites en conventionnel mettrait rapidement à mal la mention « sans produits chimiques »….
Nous appelons donc la filière AOP pomme du Limousin et notamment les coopératives associées à modérer leur communication qui, sans vouloir la considérer comme insidieuse, fabrique le doute et entraîne la confusion.
« Surfer » sur la journée mondiale de l’environnement (cf https://www.facebook.com/PerlimMeylimAlliance/) pour se faire de la pub sonne comme une provocation pour les riverains qui « bénéficient » toujours de la dérive de produits chimiques CMR/PE…
« Vanter la biodiversité des vergers » après plus de 40 ans d’éradication de cette même biodiversité à grand renfort de poisons, s’apparente à de la maladresse qui pourrait conduire les associations à réagir via un retour dans les médias qui mettrait à nouveau la lumière sur notre région et certaines pratiques dénoncées dans différents reportages comme celui d’envoyé spécial (à revoir ici)
Respectant nos engagements de la charte, nous avons mis un bémol à la communication pour ne pas porter tort à la charte. Il est donc temps que ces coopératives cessent de faire leur publicité en cherchant à faire croire qu’elles ont des pratiques plus bio que le bio, d’autant que dans le même temps, des responsables de ces coopératives, impliqués dans la charte du Limousin, font des publicités pour des fabricants de produits chimiques ( cf https://www.youtube.com/watch?v=_zWy423MUmI&t=1s)
Nous alertons encore une fois sur le danger de ces reportages publicitaires soutenus par des médias régionnaux qui voudraient nous faire croire qu’il s’agit d’une reportage et d’une information.
- Nous alertons les riverains sur la nécessité de rester mobilisés autour de notre association afin que les mesures de protection et d’information évolutives len leur faveur soient acceptées et mises en place rapidement.
- Nous alertons les usagers des routes et chemins traversant les zones traitées aux pesticides, comme les randonneurs, vététistes et autres promeneurs sur les dangers à séjourner dans les zones traitées durant les 6, 12, 24 ou 48 heures suivant les traitements (en fonction du classement toxicologique).
- Nous alertons les consommateurs sur les effets cocktails des pesticides sur la santé et leur précisons que les bienfaits d’une alimentation bio sur la santé sont aujourd’hui démontrés par des études reconnues.
- Nous alertons les pouvoirs publics sur la nécessité de faire évoluer la charte comme chacun s’y est engagé. Ce travail initié en Limousin est aujourd’hui salué par les Ministères de l’écologie, de la santé et de l’agriculture et inspire les réflexions sur l’article 83 de la loi Egalim.
- Nous alertons les élus sur la nécessité de respectecter leurs engagements pris en signant la Charte…
- Nous alertons les représentants de la filière sur la nécessité d’inviter les coopératives à faire preuve d’un peu plus de modestie quant à l’opinion qu’ils ont de leurs pratiques « si vertueuses » et qui tentent au travers de la communication de faire oublier le recours important à des pesticides CMR/PE.
En synthèse, nous alertons sur les risques d’échec de la Charte du limousin , si les engagements pris ne sont pas rapidement respectés et si les campagnes de greenwashing se poursuivent de la sorte en l’absence d’évolution de la charte.
Notre inquiétude en Limousin vis à vis de ce greenwashing en arboriculture est la même que celle manifestée par des personnes engagées comme Valérie MURAT ou Marielys BIBEYRAN en Nouvelle Aquitaine, vis à vis du greenwashing en viticulture.
Aussi, de Bordeaux à Allassac, en passant par la Charente, la Creuse, La Dordogne ou la Haute Vienne, mobilisons nous pour de nouvelles mesures de protection.